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jeudi 25 novembre 2010

L'inventeur du textile « auto-rafraîchissant » devient célèbre mais garde la tête froide

Le jeune Gauthier Bedek, âgé de 27 ans, a gagné le prix Théophile Legrand 2010. Il a inventé une fibre qui permet aux sportifs de se rafraîchirent.  « En mettant à profit une réaction physico-chimique qui, grâce à l'eau de la transpiration, va dissoudre du xylitol, encapsulé grâce à un procédé novateur. Une technologie qui permet de former une membrane semi-perméable autour de ce produit qui va absorber l'énergie et donc la chaleur.», explique Gauthier Bedek. La température diminue vraiment.

Marc Grosclaude, dimanche 21.11.2010

| LE VISAGE DU DIMANCHE |

Il n'a que 27 ans, un sourire encore un peu timide face à la notoriété qui vient de lui tomber dessus et on voit bien qu'il se sent plus à l'aise dans son laboratoire lillois que devant les flashes et les projecteurs. En remportant le prix Théophile Legrand 2010, remis vendredi soir à Roubaix, Gauthier Bedek est pourtant en passe d'opérer une petite révolution dans le textile. Tout cela grâce à des vêtements qui, au lieu de tenir chaud, aident à rester au frais...

Théophile Legrand, l'industriel fourmisien du textile qui a donné son nom à ce prix international de l'innovation, doit regarder étonné ce que la recherche parvient à faire aujourd'hui. Lui, qui fut reconnu pour le travail de la laine, fibre apportant en principe de la chaleur à celui qui la porte, ne comprendrait pas forcément l'intérêt du textile « auto-rafraîchissant » que le jeune enseignant chercheur d'HEI, originaire de Saint-André-lez-Lille, vient de mettre au point. Autre époque, autres modes de vie et autres attentes des consommateurs devant les vêtements qu'ils portent.

Pour Christian Cambier, descendant de Théophile Legrand et à l'origine de ce prix avec l'Institut de France, le projet récompensé cette année est « le plus abouti, le plus original, le plus intéressant. » En somme, il a « fait la différence » parmi seize projets portés par de jeunes chercheurs originaires de France, certes, mais aussi d'Allemagne, d'Italie, du Brésil.

Mais en quoi consiste ce nouveau textile ? L'enjeu, quand on est sportif ou que l'on travaille dans des conditions de chaleur intense, est justement de réduire l'inconfort provoqué par la hausse de température. Comment ? En mettant à profit une réaction physico-chimique qui, grâce à l'eau de la transpiration, va dissoudre du xylitol, encapsulé grâce à un procédé novateur. Une technologie qui permet de former une membrane semi-perméable autour de ce produit qui va absorber l'énergie et donc la chaleur. C'est très schématique. Les spécialistes, notamment ceux du Gemtex de Roubaix, associés à ce projet, parleront de « matériau à changement de phase hydrique », mais le grand public ne rentrera pas dans ces détails. « Ce n'est pas un effet placebo, la température diminue vraiment », insiste Gauthier Bedek qui, pour étayer sa démonstration, a présenté vendredi, devant un auditoire impressionné, les résultats des tests d'usage, faits par des coureurs. Résultat, la température à la surface de la peau diminue bel et bien. Étonnant.

« Trop chaud, moi ? Jamais ! »

Ce qui l'est encore plus, c'est le nom du partenaire industriel avec lequel ce jeune docteur en énergétique de l'université de Lille a travaillé le passage au stade industriel. Plus connu pour le Thermolactyl (la version originale et sa récente évolution), donc des vêtements chauffants, Damart a apporté son concours à cette innovation. Et il ne serait pas impossible que ce soit avec cette même entreprise qu'il passe à la production à une échéance pas forcément très lointaine. « Mais les collections, cela se développe parfois dix-huit mois à l'avance ! » Attendons donc, et gardons la tête froide.


Avant même d'être auréolé de son prix de l'innovation textile, Gauthier Bedek a déjà été recruté par l'école d'ingénieurs HEI pour son laboratoire textile. Et c'est là qu'il va travailler à l'amélioration de son produit. Déjà abouti, ce textile intelligent permet donc de profiter de son effet pendant trois heures d'affilée, est lavable à l'eau claire et résiste, pour l'instant, à une dizaine de lavages. L'enjeu, désormais, est de travailler à augmenter la durabilité de ces microcapsules et de les greffer sur différentes fibres textiles. Les plus grands progrès techniques ne se sont pas faits en un jour. Ce n'est pas Théophile Legrand qui aurait dit le contraire.



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